Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/50

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ans au plus, d’une taille presque colossale et d’une vigueur remarquable.

Ses traits réguliers, d’une beauté peu commune, rehaussés par deux yeux noirs remplis d’éclairs, avaient un indicible cachet de distinction et une expression d’énergie à laquelle la longue barbe noire et touffue, qui couvrait tout le bas de son visage et tombait en éventail jusque sur sa poitrine, donnait un caractère étrange et fatal. Son geste était sobre et élégant, sa démarche noble, sa voix d’un timbre pur et harmonieux.

De même que le plus grand nombre des Frères de la Côte, il y avait dans sa vie un secret qu’il cachait soigneusement.

Nul ne savait qui il était, d’où il venait ; tout en lui, jusqu’à son nom, était un mystère.

On ne connaissait de sa vie que ce qui s’en était écoulé depuis son arrivée à la Côte.

Bien que très-courte, cette histoire était sombre et lamentable.

Cet homme avait, pendant plusieurs années, souffert des douleurs atroces, sans que jamais une plainte fût sortie de ses lèvres, sans qu’un seul instant il se fût laissé terrasser par une infortune imméritée.

Contrairement aux autres boucaniers, il vivait seul.

Jamais il n’avait voulu consentir à se lier intimement avec personne, ni contracter cette association fraternelle nommée matelotage à la Côte, et qui