Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/123

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quand il plairait à celui-ci de se marier ; M. Maraval se retirait avec une somme ronde et liquide de dix millions, non compris la dot donnée à sa fille et les quatre millions laissés dans la maison qu’il cédait à son gendre.

Cette fortune plus que respectable avait été honorablement gagnée en trente ans par M. Maraval ; il est vrai que l’époque était bonne et qu’il avait été merveilleusement aidé par les événements.

Bref, M. Maraval, dont la liquidation touchait à son terme, se préparait à quitter l’Espagne et à retourner en France, pour y planter des choux, ainsi qu’il le disait en riant.

Un matin du mois de juillet, vers midi, M. Maraval achevait de déjeuner, en compagnie de sa femme, doña Carmen, de sa fille, doña Asunta, et de M. Hector Mallet, son gendre.

Le banquier était radieux ; il se frottait les mains, tout était terminé depuis la veille, son gendre avait pris définitivement la direction de la maison, dont la raison sociale avait été modifiée ainsi : « Maraval et Hector Mallet », afin de ne pas dérouter les nombreux correspondants du banquier par un changement trop brusque.

— Voilà qui est fait ! dit M. Maraval en reposant vide, sur la table, le verre de vieux rhum qu’il avait l’habitude de boire comme couronnement du déjeuner. Avant un mois nous serons installés à Paris.

— Si tôt que cela, cher père ? dit doña Asunta avec une légère inquiétude.

— Peut-être plus tôt ! reprit M. Maraval en souriant.