Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/127

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où je me propose de me retirer. Vous me surprenez en pleins préparatifs de départ.

— Eh quoi ! partez-vous donc tout de suite ?

— Oh ! non, pas avant un mois ou six semaines, répondit-il en souriant, de sorte que vous pouvez sans crainte accepter mon hospitalité.

— Voilà qui me rassure ; j’accepte donc, mon ami. Quant à votre gendre, c’est un charmant jeune homme, que je tiens en haute estime ; vous avez, à mon avis, fait un bon choix en le mettant à la tête de votre maison, si honorablement connue depuis tant d’années il peut en toute sûreté compter sur mes amis et sur moi.

— Vous me comblez, cher señor mais, pardonnez cette question à ma vieille et sincère amitié, je vous trouve triste ; auriez-vous éprouvé quelque nouvelle douleur ?

— Hélas ! mon ami, s’écria tristement le vieillard, pour moi, depuis longtemps, vous le savez, les douleurs viennent en troupe ; c’est même à propos de nouveaux et affreux malheurs qui me frappent, que vous devez cette importune visite d’aujourd’hui. J’ai tout quitté pour venir près de vous chercher ces consolations dont j’ai un si grand besoin, et dont toujours vous, mon ami éprouvé, vous avez été si prodigue envers moi.

— Mon Dieu ! vous m’effrayez, don Carlos.

— Rassurez-vous, cher don José, je suis trop et depuis trop longtemps accoutumé à souffrir, pour me laisser abattre ; la douleur me tuera peut-être, mais elle ne me terrassera pas. Vous avez appris, il y a quatre ans, la mort de la duchesse. Hélas ! j’ai été bien coupable envers elle, j’en ai fait une martyre sur la terre et une sainte dans le ciel ; en