Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/16

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– Explique-toi, ma chérie ; je ne te comprends pas du tout…

— C’est à peine si je me comprends moi-même, mon ami.

— Alors, c’est grave ! dit-il avec un sang-froid imperturbable.

— Juges-en toi-même, mon ami : je ne vois pas le brick-goëlette ?

— Oublieux que je suis ! s’écria-t-il en se frappant le front. Je ne sais pas comment cela se fait !…

— Quoi donc, mon ami ?

— Je n’y ai plus songé, sur ma foi ! Le brick-goëlette est parti ce matin en croisière, sous les ordres d’Ivon Lebris, mon brave matelot.

– Comment, parti ? fit-elle avec surprise.

– Oh ! rassure-toi, chérie ; tous tes bagages et les miens ont été soigneusement débarqués, avant le départ, dit-il en feignant de se méprendre sur le sens de l’exclamation de sa femme.

— Mais alors, nous restons donc ici ?

— Pas positivement, ma chérie, nous voyagerons de notre côté, tandis que Lebris croisera du sien.

— Je n’y suis plus du tout, moi ! Tout cela me semble un rêve. Où irons-nous donc ?

— Tu m’as souvent témoigné le désir de visiter l’Italie et la Suisse, ma chérie ?

— C’est vrai, mon ami ; mais comme tu as semblé ne pas vouloir satisfaire ce caprice, je n’ai pas insisté.

— Je le reconnais. Je ne refusais pas, j’ajournais simplement, ma mignonne. Le moment est