Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/178

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laissaient en compte entre les mains du directeur du comptoir.

Les choses durèrent longtemps ainsi ; plusieurs années s’écoulèrent sans amener de changements notables dans l’existence que menait Olivier.

Ses blessures morales étaient sinon guéries, du moins complétement cicatrisées ; une rêveuse mélancolie avait peu à peu remplacé la violence de sa douleur première.

En somme, Olivier était heureux, autant du moins que le comportent les imperfections inhérentes à notre misérable organisation humaine.

Jamais Olivier ne s’informait à Belhumeur de ce qu’il voyait ou de ce qu’il faisait dans les comptoirs de traite où il allait échanger leurs fourrures : le chasseur s’était bien définitivement désintéressé des choses de la civilisation et n’y attachait plus qu’une très-médiocre importance.

Vers la fin de 182., les deux coureurs des bois avaient chassé dans les prairies du haut Missouri. Leurs chasses avaient été très-fructueuses ; ils possédaient un nombre considérable de fourrures précieuses, dont il importait de se débarrasser au plus vite.

Il fut convenu entre les deux amis que les peaux seraient embarquées dans une pirogue sur le Missouri ; que Belhumeur descendrait la rivière, entrerait dans le Mississipi et irait vendre les fourrures à Little-Rock, qui était le plus prochain comptoir de traite.

Olivier attendrait, en chassant, son retour à l’endroit même où ils campaient en ce moment.

Un canot fut aussitôt construit à la mode in-