Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/201

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guerrier des Bisons-Comanches ; mon père ne voudra pas me déshonorer en me faisant manquer à ma parole, parce que ma honte retomberait sur ma tribu. Je dois mourir pour dégager ma parole ; le Sachem ne saurait m’en empêcher, car c’est lui-même qui m’a appris qu’un guerrier Comanche ne doit jamais faillir.

Le Nuage-Bleu sourit, les traits durs et impassibles des chefs se détendirent, et ils fixèrent avec complaisance leurs regards sur le chasseur.

— Mon fils a bien parlé, dit le Sachem ; ce qu’il a dit, il le fera, c’est bien ; mais le Nuage-Bleu est son père, il ne le laissera pas aller seul contre les coyotes et les loups de la prairie : deux cents guerriers, commandés par le Sachem, accompagneront la Panthère-Bondissante. Mon fils est-il satisfait ? croit-il qu’il est aimé de ses frères les Comanches ?

— Je n’ai jamais douté de l’amitié de mes frères les Bisons-Comanches ; je sais combien je suis aimé du Nuage-Bleu, mon père ; les mots me manquent pour lui exprimer la reconnaissance qui gonfle mon cœur.

— C’est bien ; mon fils a versé son sang pour ses frères, ils verseront aujourd’hui le leur pour lui.

Une heure plus tard, deux cents guerriers d’élite, en tête desquels marchaient le Nuage-Bleu, Olivier et Belhumeur, quittèrent le campement en file indienne, et glissèrent silencieux, comme de sinistres fantômes, dans la direction de la maison de Moctecuzoma, autour de laquelle ils s’embusquèrent, sans que le plus léger bruit eût dénoncé leur présence aux cruels ennemis qu’ils se proposaient de surprendre.