Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La nuit était sans lune, sombre et glacée ; on n’entendait d’autres bruits que les cris glapissants des coyotes, qui troublaient par intervalles le silence, ou les miaulements saccadés et stridents des jaguars à l’abreuvoir.

Certes, pour des étrangers complétement ignorants des mœurs indiennes, comme ceux par exemple qui, en ce moment, étaient réfugiés dans la maison de Moctecuzoma, cette immense solitude, à peine traversée pendant le jour par quelques troupes errantes, devait, par cette nuit lugubre, être complétement déserte ; pourtant il n’en était pas ainsi, et bientôt ils s’en aperçurent.

Tout à coup, sans qu’une feuille eût été froissée, un grain de sable écrasé sous un pas lourd ou maladroit, une volée de flèches incendiaires furent tirées sur la maison, avec un crépitement de grêle, des torches brillèrent dans la nuit, et la fusillade éclata avec fureur.

Les confédérés, métis, Apaches et Sioux, confiants dans leurs forces, et connaissant le petit nombre de leurs ennemis, contrairement à leurs habitudes de prudence, avaient commencé en apparence l’attaque à découvert, mais en réalité il n’en était pas ainsi. Chacun d’eux était embusqué et parfaitement à l’abri, les uns dans un pli de terrain, quelques-uns derrière des monticules de sable, beaucoup derrière des fascines apportées par eux-mêmes, dans cette intention.

Les confédérés étaient cent vingt en tout, y compris douze Outlaws métis, fort redoutables, non pas seulement à cause de leur férocité, mais surtout pour leur adresse comme tireurs ; les Peaux-Rouges possédaient à peine une quaran-