Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/207

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— Vous ! Vous ici ! s’écria le chasseur que le bonheur suffoquait. Oh ! je le savais, je l’avais deviné, mon cœur me l’avait dit.

— Cher ! bien cher Olivier ! je vous retrouve donc enfin ! reprit le banquier avec une joie impossible à rendre ; depuis deux ans je vous cherche !

— Voici près de trois mois que, de mon côté, je suis sur votre piste.

— Vous ?

— Oui. Je vous expliquerai cela. Mais parlons espagnol, je vous prie, afin d’être compris des amis qui nous entourent. Vous n’êtes pas seul ici ? Ivon !…

Le front de M. Maraval se rembrunit aussitôt ; un nuage de tristesse se répandit sur tout son visage.

— Ivon Lebris est ici, murmura-t-il.

— Cher Ivon ! Je le savais bien, qu’il ne m’oublierait pas. Où est-il ? Conduisez-moi vers lui, mon ami ; je veux l’embrasser.

Et il s’élança. Le banquier l’arrêta.

— Hélas ! dit-il.

— Mon Dieu ! vous tremblez, vous avez des larmes plein les yeux ; oh ! je pressens un malheur !

— Calmez-vous, mon ami. Ivon n’est que blessé, bien que très-dangereusement.

— Blessé, mon matelot ! Je veux le voir ! s’écria-t-il avec agitation.

— C’est impossible, mon ami ; je vous en prie, n’insistez pas ! Il est trop faible encore ; la joie de vous voir lui causerait une émotion qui, dans