Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/23

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avait demandé son brick, il le lui aurait donné, et lui avec.

Le brick le Zéphyr n’était pas le premier bâtiment venu ; c’était un très-joli morceau de bois fln’, coquet, élancé et marchant comme un marsouin ; il jaugeait deux cent cinquante tonneaux et avait été construit pour la course ; aussi possédait-il toutes les qualités requises pour constituer le bon voilier ; il portait deux petits canons de douze à l’avant, pour se défendre au besoin contre les pirates, et avait, tout compris, vingt-deux hommes d’équipage, tous excellents marins.

Nous terminerons le portrait un peu long de ce digne capitaine en constatant que, s’il sacrait et maugréait sans cesse, en somme c’était un excellent homme, adoré de son équipage.

Au bout de deux heures à peine, Olivier et lui étaient les meilleurs amis du monde ; le capitaine Legonidec se considérait comme le second du capitaine Madray ; heureux et surtout honoré de servir sous les ordres du redoutable corsaire. Il est bien entendu que, de son côté, Olivier affectait de traiter le capitaine avec la plus affectueuse distinction, et, ce qui alla tout droit au cœur du digne Breton, il lui déclara dès le premier jour que, pendant tout le voyage, il entendait qu’il prit ses repas à sa table.

Olivier avait fait embarquer force provisions de toutes sortes, et avait engagé un excellent cuisinier français égaré à Buenos-Ayres, expressément pour son service.

Olivier se rendait d’abord à Gênes, où, sans en rien dire à sa femme, il avait donné rendez-vous à M. et Mme  Maraval.