Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/283

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Tel était l’homme que, au dire de la marquise, son mari avait pris pour but de sa feinte jalousie. En effet, pendant les querelles, qui se renouvelaient journellement, entre les deux époux, le marquis roulait des yeux furibonds et lançait des regards furieux au pauvre gouverneur, qui n’en pouvait mais et ne comprenait absolument rien à ce ridicule manège.

Nous sommes autorisés à supposer que le marquis riait lui-même in petto du désarroi dans lequel il jetait le malheureux gouverneur, dont il avait fait si méchamment le plastron de toutes les injures qu’il lui plaisait de lui jeter à la face, sans qu’il fût permis à celui-ci de lui répondre ; ce que, du reste, en supposant qu’il eût compris un seul de ces mots blessants et à double entente, le gouverneur se fût bien gardé de faire ; mais tous les traits plus ou moins mordants du marquis frappaient heureusement dans le vide. Ses allusions froissantes étaient d’autant moins saisies, que l’esprit de l’homme qu’elles voulaient atteindre planait dans une sphère trop élevée pour qu’il les entendit.

Quelques mois avant l’arrivée d’Olivier à Madrid, fatiguée de cette honteuse comédie jouée sans mesures par son mari, et qui, un jour ou l’autre, pouvait avoir un dénouement sinon scandaleux, mais du moins grotesque, et, dans tous les cas, fort désagréable pour elle, en portant même indirectement atteinte à sa considération, la marquise avait pris un grand parti.

Par l’entremise de son père, à qui elle avait franchement raconté ce qui se passait, elle avait obtenu, pour don Pancho de Valmoral, une place