Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/297

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avait pris place, et ils regagnèrent tristement Puerto-Real ; arrivé à la villa, Olivier saisit un fusil et monta en courant sur une terrasse.

Le brick était sur le point de disparaître à l’horizon.

Olivier lâcha la détente du fusil, le coup partit en l’air ; presque au même instant une détonation sourde se fit entendre, et une légère fumée apparut, visible seulement avec une longue-vue, sur l’arrière du brick.

Ivon avait aperçu la fumée du fusil, il avait répondu par un coup de canon.

Quelques instants plus tard, tout s’effaça, le brick avait disparu.

Olivier se laissa tomber sur un siège en murmurant :

— Partis ! maintenant je suis seul, seul à jamais !

— Ingrat ! lui dit une voix douce à l’oreille, ne te reste-t-il pas ton père et ta sœur, qui t’aiment eux aussi ?

— Pardonnez-moi, Santa, ma sœur chérie, dit-il avec une ineffable tristesse, mais ceux-là étaient mes plus anciens et mes meilleurs amis.

— Viens, Olivier, allons retrouver notre père, il te consolera ; lui et moi, nous ne te manquerons pas !

— Oui, murmura-t-il si bas que sa sœur ne put l’entendre, mais vous aurai-je toujours ?

Et, cédant à la douce pression de la main de sa sœur, il quitta la terrasse après avoir jeté un dernier regard sur la mer, où rien n’apparaissait plus !

Le lendemain, ils repartirent pour Madrid.