Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/306

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mauvaise humeur qu’il attribuait tout simplement à quelque dépit amoureux, complétement en dehors de toute question politique ; il engagea sa sœur à feindre de ne pas remarquer cette préoccupation, de témoigner beaucoup d’égards à son mari, et surtout de prendre bien garde de ne pas l’exciter par quelque mot à double entente ou quelque répartie un peu trop vive.

Tel était, selon Olivier, le seul moyen d’amener peu à peu le marquis à adopter des façons plus conciliantes et plus convenables envers elle.

La marquise pleura beaucoup ; elle aimait toujours son mari, elle souffrait de le voir ainsi mais elle promit à son frère de suivre entièrement ses conseils.

La cloche du dîner sonna.

Le marquis descendit et s’assit à table, en face de sa femme, comme il en avait l’habitude ; il semblait moins sombre, mais il était pâle et préoccupé ; ce n’était qu’au prix des plus grands efforts qu’il réussissait, de temps en temps, à lancer quelques mots dans la conversation.

Olivier l’observait à la dérobée ; il essayait, par son enjouement factice, de ramener un peu de gaieté à ce repas, dont l’apparence devenait de plus en plus lugubre.

Le dîner était presque terminé, on servait le postre et les dulces, lorsqu’un galop furieux de cheval résonna fortement au dehors.

Le marquis redressa vivement la tête ; un éclair jaillit de son regard, qui se riva, pour ainsi dire, sur la porte.

Cette porte s’ouvrit après un instant ; un valet