Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/307

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entra, tenant à la main un plateau d’argent sur lequel une lettre était posée.

Il s’approcha de son maître et lui présenta respectueusement le plateau en prononçant ces deux mots :

Correo real — courrier royal —.

Le marquis prit la lettre, l’ouvrit d’une main frémissante et la parcourut des yeux.

Soudain, une grande rougeur empourpra son visage ; une vive satisfaction éclaira sa physionomie ; il replia la lettre, la fit disparaître dans une poche de son gilet, se leva, jeta sa serviette sur la table, et s’inclinant devant sa femme :

— Excusez-moi, madame, dit-il, je suis mandé à Madrid, où je dois me rendre immédiatement.

Et, sans attendre la réponse de la marquise, il quitta la salle à manger d’un pas rapide, en ordonnant qu’on préparât aussitôt ses équipages.

Doña Santa était atterrée.

Olivier posa un doigt sur ses lèvres pour lui recommander de se contenir devant ses enfants.

Elle comprit et baissa la tête.

Le gouverneur, sur un geste muet, se leva et sortit en emmenant les enfants, tout étonnés d’être ainsi congédiés.

Le frère et la sœur demeurèrent seuls.

Vingt minutes s’écoulèrent ainsi, sans qu’aucun mot fût échangé entre eux.

Tout à coup un grand bruit de claquements de fouet et de piétinements de chevaux se fit entendre au dehors.

Le marquis de Palmarès Frias y Soto quittait Balmarina, où le matin, à son arrivée, il avait annoncé son intention de faire un long séjour.