Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/380

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— Vous connaissez l’écriture de votre mari : lisez, ma cousine.

— Le reçu ! s’écria-t-elle éperdue en fondant en larmes, oh !…

Et elle tomba à demi évanouie sur le fauteuil.

— Perdue !… déshonorée !… répétait-elle avec égarement. Infamie ! infamie ! Un Ferteuil-Sestos ? oh ! mon Dieu ! mon Dieu !

— Rassurez-vous, ma cousine ; revenez à vous, je vous en supplie, lui dit le jeune homme d’une voix douce : vous ne serez, je vous le jure, ni perdue ni déshonorée !

— Mais ce reçu, comment se trouve-t-il entre vos mains ? Oh ! il faut qu’il paie ! je le veux ! S’il le faut, j’avouerai tout à la reine !

— Écoutez-moi, ma cousine : Quand mon père remit les 600, 000 piastres à votre mari, il lui fit faire un reçu qu’il se chargea lui-même de mettre à la poste ; le marquis de Palmarès attendait mon père dans son carrosse. Le marquis, je ne sais pour quel motif, avait une très-mauvaise opinion de votre mari ; il se fit confier la lettre par mon père, puis il se rendit au ministère, fit ouvrir la lettre, sans endommager le cachet, par un employé expert, retira le reçu, qu’il remplaça par une feuille de papier blanc, puis, la lettre recachetée, il la jeta à la poste ; le soir même, il remit le reçu à mon père.

Le lendemain, votre mari se présenta à l’hôtel Salaberry, sous je ne sais plus quel prétexte. On le fit attendre dans le cabinet de mon père. Derrière une tapisserie, le duc de Salaberry et le marquis de Palmarès regardaient : ils virent votre mari s’approcher de la table sur laquelle une tren-