Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/383

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— Olivier le regarda : le notaire était vert ; il tremblait.

— Tiens ! tiens ! tiens ! fit Olivier avec un sourire railleur ; vous n’avez donc pas lu les testaments ?

— Pardon, monseigneur ; c’est précisément… parce que… j’ai… lu que…

— Que quoi ? fit le jeune homme en le regardant fixement.

— Vous… vous… êtes… déshérité, monseigneur…

— Ah ! bah ! dit Olivier en riant, vous croyez ?

— Hélas ! monseigneur, j’en suis sûr !

— Voyons un peu ?

Et s’emparant vivement de la serviette du notaire, qui, d’un geste machinal, essaya de s’y opposer, il prit les deux testaments qu’il examina curieusement pendant quelques minutes, en lançant par intervalles au notaire un regard qui le faisait frissonner.

— Eh ! eh ! fit-il enfin, je comprends maintenant pourquoi le duc vous a donné cent mille piastres fortes, ce n’est pas trop payé ; señor don Juan de Dios Elizondo, vous êtes un fripon et un faussaire !

— Monseigneur !

— Un faussaire ! je le répète, parce que vous avez arraché trois feuillets dans chaque testament ; que vous avez gratté et changé les numéros d’ordre ; de plus, vous avez changé c’est-à-dire falsifié certains legs.

— Monseigneur, je ne souffrirai pas !…

— À genoux, coquin, et implore ta grâce, si tu ne veux pas être immédiatement arrêté.