Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

core, il s’arrêta devant la halle au blé, admirant ou feignant d’admirer les colonnes de marbre antique qui soutiennent cet édifice. Il était là depuis quelques instants, se demandant à quel temple romain ces colonnes avaient appartenu jadis, sans trouver naturellement une réponse plausible à cette question, lorsque l’homme qui le suivait depuis l’hôtel s’approcha de lui et le salua respectueusement.

— Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? lui demanda nettement Olivier.

— Monsieur, répondit l’inconnu en français peu vous importe qui je suis, je suppose.

— Vous vous trompez, monsieur ; maintenant je vous reconnais, vous me suivez depuis mon arrivée en Italie.

— C’est vrai, monsieur, mais sans mauvaises intentions contre vous, croyez-le bien.

— Vos intentions ne m’importent guère : je suis, par état, accoutumé à braver des dangers plus grands que ceux que vous me pourriez faire courir ; je tiens seulement à ce que vous sachiez bien que je n’aime pas l’espionnage et encore moins les espions.

— Le mot est dur, monsieur ! fit l’inconnu en se redressant.

– Il est juste ; trouvez-en un autre qui s’applique aussi bien au honteux métier que vous faites près de moi depuis plusieurs mois ; prouvez-moi que je me trompe en me révélant votre nom et me faisant connaître vos intentions.

— Je ne puis, à mon grand regret, vous satisfaire en ce moment, monsieur : je ne m’appartiens pas ; je suis chargé d’une commission importante