Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/10

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Or, il y a quatre-vingts ans, on admirait, calle de Alcala, à deux cents pas au plus de la Puerta del Sol, un palais d’aspect grandiose, curieux et peut-être dernier spécimen à Madrid de l’architecture moresque.

Voici, en deux mots, l’histoire de ce palais :

Vers l’an 952, Madrid n’était encore qu’un misérable village, surgi, un peu à l’aventure, du milieu des ruines d’une ancienne station romaine ; les Mores, jugeant la situation bonne et facile à défendre, s’installèrent solidement à Madrid et y construisirent, pour le nouveau gouverneur, un Alcazar, destiné non-seulement à lui servir de palais, mais surtout à défendre la ville, qui ne tarda pas à s’accroître et à prendre une certaine importance sous la protection, toute-puissante alors, des conquérants arabes.

Don Enrique Pacheco Tellez de Salaberry, rico-hombre de Galice, commandant l’avant-garde d’Alfonso VI, roi de Léon et de Castille, pendant sa marche sur Tolède en 1085, s’approcha de Madrid sans être aperçu des sentinelles musulmanes, les surprit à l’improviste et prit d’assaut l’Alcazar. Ce hardi coup de main entraîna la reddition de la ville, qui, depuis, est demeurée définitivement acquise à la monarchie espagnole.

Le roi Alfonso VI, voulant récompenser le brillant fait d’armes du rico-hombre, lui fit don, pour lui et ses descendants, de l’Alcazar qu’il avait si vaillamment conquis.

Ce palais prit alors le nom de la puissante famille, dans laquelle il resta et dont il devint la résidence de prédilection.

L’entrée du palais ou hôtel Salaberry, un peu