Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/112

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— Nous attendons, monsieur, répondirent les deux adversaires en même temps.

— Feu ! cria le banquier d’une voix que, malgré lui, l’émotion faisait trembler.

Les deux détonations se confondirent en une seule.

Les deux ennemis tombèrent.

Les témoins d’Olivier s’étaient élancés vers lui ; le docteur tressaillit, et fit un mouvement de joie.

— Silence ! lui dit vivement le banquier à l’oreille ; pas un mot ; laissez-moi faire ; voyez un peu l’autre blessé ; et il ajouta quelques mots à l’oreille du médecin.

Le docteur le regarda avec étonnement.

— Il le faut ! dit péremptoirement le banquier.

Le docteur baissa la tête et se rapprocha du comte que ses témoins soutenaient.

Sur un signe du banquier, Ivon, après avoir échangé quelques mots avec lui, était sorti en courant du Vergel.

– Ah ! fit d’une voix faible, et cependant nuancée de raillerie, le comte de Salviat, en apercevant le médecin ; voyez ma blessure, docteur ; je suis, je crois, assez mal accommodé !

Le médecin s’agenouilla près du blessé ; il l’examina un instant avec la plus sérieuse attention, puis il se releva :

— Eh bien ? demanda le blessé.

— Eh bien, señor, répondit froidement le médecin, vous êtes officier au service de la France ? la mort ne doit pas vous effrayer…

— Bon ! Suis-je donc si malade ?

— Señor, si vous avez des dispositions à prendre, hâtez-vous : avant une demi-heure, peut-être