Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/14

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En attendant que son mari, qu’elle adorait, se fût installé à Rome, la jeune duchesse s’était, avec toute sa maison, fixée à Puerto-Santa-Maria, en face de Cadix.

Les deux époux s’aimaient, disait-on, comme aux premiers jours de leur union ils semblaient jouir d’une lune de miel éternelle, ce qui faisait grand scandale à la cour ; le duc et la duchesse laissaient dire.

Le temps passait, l’inconnu demeurait les yeux obstinément fixés sur l’hôtel cependant son pied droit frappait la terre avec une vivacité qui témoignait d’une impatience difficilement contenue ; une demi-heure s’écoula ainsi sans que personne s’engageât dans la rue la pluie redoublait, fouettait les vitres avec rage, et tombait avec un bruit sec et monotone dans le ruisseau gonflé, dont la largeur devenait de plus en plus grande.

Enfin, l’heure sonna lentement l’inconnu se redressa et fit un mouvement comme pour quitter son embuscade, mais il se contint, et de nouveau il demeura immobile.

À peine le dernier coup de onze heures eut-il fini de résonner, que le guichet de la porte s’entrebâilla doucement ; un homme avança avec précaution la tête au dehors, regarda autour de lui, sortit à pas de loup, et derrière lui le guichet se referma sans bruit.

Dès qu’il fut dans la rue, cet homme, enveloppé lui aussi dans un manteau, fit quelques pas en avant et s’arrêta devant le ruisseau, dont il sembla du regard mesurer la largeur.

— Hum ! murmura-t-il assez haut après un instant, je ne suis pas très-leste ; si mon cousin