Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/143

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bâtiments, presque continuellement en vue, pas un seul n’était espagnol.

C’était désespérant ; mais il fallait, bon gré mal gré, en prendre son parti.

Le partenaire le plus habituel de M. Maraval était le docteur, parce que, par sa position à bord, il était plus libre de son temps que les autres officiers.

À moins de blessures, les corsaires sont rarement malades.

Or, il n’y avait eu ni engagements ni combats ; Olivier avait capturé les sept prises espagnoles par surprise, sans brûler une amorce ; l’infirmerie se trouvait donc complétement vide.

Le docteur, ou plutôt le major, comme le nommaient les matelots du Hasard, avait, ainsi que nous l’avons dit plus haut, été chaudement recommandé à Olivier par M. Maraval lui-même, dont il était l’ami depuis longtemps.

Ce docteur était encore un jeune homme ; il avait à peine trente-trois ans ; il était beau, bien fait, d’une tournure élégante ; pourtant sa physionomie pensive, et même mélancolique, témoignait de douleurs secrètes, mais fièrement portées ; il y avait un mystère dans sa vie.

Il était Français, appartenait à une vieille et excellente famille de l’Anjou, et se nommait Albert-Armand Arrault.

Après avoir fait d’excellentes études à Angers, où il était né, il était venu à Paris étudier la médecine ; il suivit les cours de la façon la plus brillante, fut reçu médecin, et s’établit à Paris.

Déjà il commençait à émerger un peu de la foule et à établir sa réputation sur des bases so-