Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/147

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— Je ne dis pas non ; et pourtant, jusqu’à présent.

– Vous n’en avez éprouvé aucune, et vous vous ennuyez, interrompit-il en souriant.

— Eh bien ! ma foi, je l’avoue, mon ami ; au diable la honte ! Cette absence de toute occupation, ce far niente continuel, dans lequel s’écoulent mes journées, atrophie mon intelligence, annihile mon courage. Sur ma parole, je crois que j’engraisse et que je prends du ventre.

— Oh ! vous allez trop loin, dit Olivier en riant.

— Prenez garde ! don Jose, il faut soigner cela, dit Ivon. Si vous preniez médecine ?

— Qu’en pensez-vous, docteur ? demanda le capitaine d’un ton de bonne humeur.

— La médecine est impuissante contre les maladies morales, répondit le médecin avec un sourire mélancolique.

— Bien répondu, docteur ! s’écria don Jose les maladies morales doivent être traitées moralement.

— Très-bien ! Je vais organiser un bal ; nous danserons à l’orgue de barbarie et au biniou.

— Oh non ! je vous en prie : le remède serait pire que le mal.

— Que puis-je faire alors pour vous délivrer de cette humeur noire ?

— C’est l’influence de l’Angleterre, dit Ivon : don Jose a le spleen ; il sent déjà les brouillards de la joyeuse Angleterre !

– Oh ! je n’en suis pas encore là !

– Voulez-vous, reprit Olivier, que je fasse venir un de nos gabiers ? Nous avons à bord d’excel-