Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/177

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Chacun des mousses était spécialement attaché à un mât.

Je fus destiné pour le mât de misaine, ce qui me fit grand plaisir ; mes trois autres compagnons furent attachés au beaupré, au grand-mât et au mât d’artimon.

Je me trouvai d’abord assez dépaysé : je ne parlais pas anglais, ce qui me gênait beaucoup ; pourtant je ne me décourageai point ; au contraire, je redoublai d’efforts ; enfin, je fis si bien, que deux mois après notre départ d’Elseneur, je savais assez d’anglais non-seulement pour comprendre ce qu’on disait, mais encore pour répondre presque correctement.

Le capitaine me suivait des yeux, sans rien dire ; mais il n’ignorait rien de ce que je faisais, et il applaudissait intérieurement à mes efforts ; cependant il semblait m’avoir oublié : jamais il ne m’adressait la parole.

Le voyage se prolongea pendant assez longtemps ; nous allions d’un port à un autre ; jusqu’à ce que, enfin de retour pour la troisième ou la quatrième fois à Trieste, le capitaine prit un chargement pour Glascow.

Il y avait onze mois accomplis que j’étais à bord de la Polly, lorsqu’elle entra dans la Clyde et mouilla devant le nouveau Glascow, fondé en 1668 et servant de port à l’ancienne ville.

J’avais fait d’immenses progrès ; je savais à fond mon métier de matelot, et je parlais l’anglais couramment ; de plus, ce qui est assez difficile, je le lisais et je l’écrivais.

Du reste, j’ai été à même de reconnaître, dans le cours de ma carrière déjà longue, l’aptitude peu