Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/183

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— Ne bouge pas, nous sommes surveillés de près, me dit une voix que je crus reconnaître.

Je tournai la tête.

Un matelot, nommé Tom Elgin, était étendu près de moi, étroitement garrotté.

— Que s’est-il donc passé, Tom ? lui demandai-je ; qu’est devenu le capitaine ?

— Sauvé, grâce à vous, Sandy, me répondit-il.

On me nommait Sandy à bord de la Polly.

— Comment cela ? fis je avec étonnement.

— Vous l’avez si rudement repoussé, qu’il a reculé jusqu’au canot ; il n’a eu que la peine d’y entrer.

— Et les autres ?

— Sam a eu la tête brisée ; les sauvages lui ont arraché la peau du crâne, il est mort ; les autres se sont sauvés, excepté nous, petit Sandy.

— Nous avons donc affaire à des sauvages ?

— Oui, nous sommes leurs prisonniers ce sont des bêtes furieuses, et d’une férocité vous verrez ça !

– Quoi donc, Tom ?

— Bon ! vous aurez tout le temps de l’apprendre, Sandy ; j’aime mieux vous laisser le plaisir de la surprise.

En ce moment, plusieurs Indiens s’approchèrent de nous.

Celui qui marchait un peu en avant, et paraissait être le chef des autres, était un homme de haute taille, admirablement bien fait ; il avait une physionomie intelligente, qui eût certainement été très-belle sans les peintures qui la défiguraient.

Ce chef, car c’en était un en effet, je l’appris bientôt, était jeune encore ; il y avait dans son port,