Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/187

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Cependant, le Sachem nous fit rendre immédiatement la liberté de nos membres.

— Vous êtes mes hôtes, nous dit-il avec un accent de loyauté qui nous toucha ; les frères du Nuage-Bleu, les Comanches-Bisons, sont des guerriers très-braves et très-justes ; enlevez la peau qui couvre vos cœurs ; quand les guerriers s’approcheront des villages en pierres des faces pâles, mes fils iront rejoindre leurs frères blancs.

Je fis part à Tom Elgin des intentions du chef, ce qui rendit subitement toute sa gaieté au digne matelot.

– Eh bien dit-il en battant un entrechat, tout est pour le mieux ; ces sauvages ne sont pas aussi méchants qu’ils en ont l’air, après tout !

Tom était consolé ; moi, au contraire, j’étais fort triste une fois encore, ma position était brisée et toutes mes relations rompues ; plus que jamais l’avenir m’apparaissait chargé de nuages menaçants ; cependant, peu à peu, cette appréhension, sans disparaitre entièrement, se calma ; je repris courage, et je me résignai à cette nouvelle taquinerie du sort, qui semblait prendre à tâche de détruire tous les plans que je formais.

Nous étions aux mains des Comanches-Bisons.

Je ne tardai pas à apprendre les causes du malheureux malentendu dont mon compagnon et moi nous étions les victimes innocentes, sans compter le pauvre Sam, si déplorablement scalpé.

Voici ce qui s’était passé :

Deux jours avant notre arrivée dans la baie, les Comanches-Bisons, irréconciliables ennemis des Espagnols, avaient surpris le Presidio ; ils l’avaient