Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continua sans trêve et sans découragement d’un côté ni de l’autre ; vers la fin de la nuit du septième jour, la forteresse, minée par le feu, s’écroula sur la tête de ses défenseurs ; alors il y eut une lutte inouïe, insensée, corps à corps, un carnage horrible, une boucherie indescriptible ; tous les blancs, hommes, femmes, enfants, furent impitoyablement massacrés et hideusement scalpés ; pas un seul n’échappa à cette épouvantable vengeance mais la victoire coûta cher aux confédérés : plus de deux cents guerriers succombèrent.

Vers la fin de la bataille, j’avais été frappé par une poutre brûlante et j’étais tombé évanoui au milieu des ruines ; bientôt je disparus sous les cadavres et les débris de toutes sortes qui s’amoncelèrent sur moi.

Leur œuvre de vengeance accomplie, les Peaux-Rouges s’éloignèrent avec cette rapidité qui caractérise tous leurs mouvements ; ils emportèrent tous ceux de leurs morts et de leurs blessés qu’ils réussirent à découvrir dans les décombres. J’échappai, je ne sais comment, à leurs recherches.

J’ai toujours ignoré pendant combien de temps je demeurai sans connaissance. Quand j’ouvris les yeux, un silence de plomb régnait autour de moi.

Vous dire ce que j’éprouvai en ce moment, les pensées confuses qui tourbillonnaient dans mon cerveau affaibli, me serait impossible ; aux souffrances physiques venaient s’ajouter les souffrances morales ; la douleur de mon abandon me dompta : je m’affaissai, sans forces, sans courage ; mais cette prostration dura peu, la réaction se