Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonnes penchées sur mon corps, mais je n’en avais pas la certitude ; je n’étais pas rentré en possession de mon moi ; je m’imaginais que cela était réel, ou peut-être même étais-je en proie à une hallucination étrange, résultant des épouvantables souffrances qui, depuis si longtemps, me torturaient.

À un certain moment, il me sembla qu’on me soulevait et que j’étais emporté par une course rapide ; mais, malgré moi, mes yeux se refermèrent brusquement, et tout s’effaça ; je retombai dans un anéantissement complet, semblable à la mort.

Lorsque je rouvris les yeux et regardai autour de moi, ma surprise fut extrême ; j’étais couché dans un immense lit enveloppé de rideaux, dans une chambre assez vaste, meublée avec ce goût étriqué, correct, mais pourtant confortable, bien que simple, qui caractérise la secte puritaine.

J’éprouvai une faiblesse et une prostration infinies à peine avais-je assez de force pour soulever les paupières mon cerveau était vide. J’essayai en vain de réfléchir, cela m’était impossible, les pensées ne s’éveillaient pas dans mon esprit ; ce travail intellectuel, au-dessus de mes forces, me fatiguait ; mes yeux se refermaient malgré moi ; je cédai et me rendormis.

Quelques heures plus tard, un bruit de voix m’éveilla ; plusieurs personnes étaient groupées autour de mon lit, dont les rideaux avaient été ouverts ; ces personnes causaient à voix basse, j’entendais et je comprenais clairement tout ce qu’elles disaient.

— Ne vous avais-je pas assuré que je le sauverais ? disait la première voix, appartenant à un homme.