Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

– C’est vrai, mon ami ; mais ce que je faisais était tout simple.

— Tout simple, en effet, répondit M. Maraval en riant ; vous avez même poussé cette simplicité jusqu’à persuader à votre capitaine de changer de route et de nous débarquer en lieu sûr, après nous avoir restitué tout ce que le pirate nous avait pris ; ce qui, entre parenthèse, semblait fort peu plaire au brave capitaine Galhaubans, lequel faisait une mine de dogue auquel on arrache un os à moelle.

— Allons dit le jeune homme en plaisantant, je vois que c’est une résolution arrêtée : je n’aurai pas le dernier mot avec vous ; je passe condamnation et je continue mon récit.

Chacun profita de cette interruption pour allumer son cigare et vider son verre.

Olivier reprit après avoir posé son verre vide sur la table.

— L’existence d’un négrier est en dehors de toutes les conditions habituelles. Depuis un temps immémorial, des philanthropes, complétement ignorants des conditions dans lesquelles vivent les populations africaines, se sont plu à s’apitoyer sur les souffrances intolérables des nègres et la barbarie des négriers, leurs bourreaux ; ces malheureux noirs enlevés si cruellement à leur patrie, à leurs affections de famille, soumis aux plus affreuses tortures par les féroces marchands de chair humaine, etc., etc., et un million de phrases toutes faites et aussi peu concluantes, ont causé un émoi général en Europe. Je ne défends pas la traite, bien loin de là, ce trafic immoral me répugne, et j’espère qu’il disparaîtra tôt ou tard ; mais si elle