Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/211

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pour lui une grande considération, et lui donnaient le titre de Mongo, c’est-à-dire Roi. Le capitaine les laissait faire. Sa factorerie était montée sur un grand pied ; il était véritablement souverain sur ses domaines ; il recevait avec une hospitalité princière les caravanes arrivant de l’intérieur.

Dès notre arrivée à la côte, le capitaine me laissa le commandement du navire et s’installa à terre ; je fis pour son compte quatre voyages à Cuba, avec, chaque fois, plein chargement de noirs, Foulahs et Mandingos. Nos bénéfices furent énormes. Le capitaine résolut alors de fonder une nouvelle factorerie dans la baie de Gallinas et de m’en donner la direction. Je me trouvai donc complétement embarqué dans la traite, un peu contre mon gré, je l’avoue, ce métier répugnait à mes instincts de liberté ; mais je dus obéir à mon chef. Je passerai rapidement sur mes opérations de facteur ; je mentionnerai seulement un voyage que je fis dans l’intérieur pour me procurer des esclaves.

Je partis pour Timbo avec une escorte de noirs bien armés je traversai Kya, ville mandingue ; de là je passai à Tamisso, puis à Jullien, et j’arrivai enfin à Timbo, après vingt et un jours de voyage ; nous avions fait quatre-vingts lieues, sans nous fatiguer outre mesure, à travers des paysages charmants et pittoresquement accidentés.

L’intérieur de l’Afrique est d’une beauté incomparable : la terre partout très-féconde, la végétation dépasse en puissance tout ce que j’ai vu, même en Amérique, dans les régions tropicales.