Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/213

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ce qu’il fit en s’emparant audacieusement des embarcations sur lesquelles les esclaves étaient entassés tant bien que mal.

Je fus presque aussitôt prévenu de cet acte de piraterie. Je me rendis immédiatement à bord de la goëlette. Le brick virait au guindeau pour lever l’ancre ; sans perdre de temps, je filai du câble, puis je fis hisser le grand foc et la grande voile, afin que le bâtiment pût évoluer et prendre le brick en enfilade et sans autre forme de procès, je commençai à faire pleuvoir à l’improviste la mitraille sur son pont ; le brick riposta aussitôt ; la canonnade continua ainsi pendant environ un quart d’heure ; la nuit venait, il fallait en finir ; je coupai mon câble, et je tombai en grand sur le brick, qui, loin de s’attendre à tant d’audace, n’était nullement préparé à un combat corps à corps ; les grappins furent lancés et mon équipage se lança à l’abordage.

En nous voyant apparaître au-dessus des lisses, l’équipage du brick, fort peu nombreux, jeta ses armes et se rendit à discrétion. Mon premier soin fut d’enclouer les canons ; puis j’ordonnai le transbordement immédiat des nègres volés ; cet ordre fut aussitôt exécuté : mes matelots mirent tant d’entrain à m’obéir, que non-seulement ils emmenèrent mes nègres, mais encore ils s’emparèrent de cent quatre-vingts autres appartenant au capitaine du brick, les seuls lui appartenant qu’il eut à bord.

Il voulut réclamer ; je lui ris au nez ; et, en lui disant qu’il devait se trouver fort heureux que je ne m’emparasse pas de son bâtiment comme pirate, je l’engageai à mettre immédiatement sous