Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/262

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de vous reprocher ? dit-il en souriant ; elle veut vous tourmenter ; nous vous aimons tous, et elle plus que nous encore peut-être ; elle a une singulière affection pour vous ; sans cesse elle nous parlait de son grand ami, ainsi qu’elle vous nomme.

— Oui, ajouta doña Maria en baisant tendrement le front de sa fille, cette folle enfant a une confiance si absolue en vous, mon cher don Carlos, que ce matin, lorsque les pirates se sont emparés de notre bâtiment, et que tous nous étions en proie à la plus vive terreur, elle seule à bord restait calme et souriante elle comptait sur vous, elle vous attendait.

— Et cela à tel point, ajouta don Diego, que, lorsqu’on nous a annoncé l’arrivée à bord du trois-mâts du capitaine à qui, après Dieu, nous devions notre délivrance, elle s’est écriée : « Ce capitaine ne peut être que don Carlos ; c’est lui qui nous a sauvés, j’en suis certaine, mon cœur me l’a dit ! »

— Eh bien ! me suis-je trompée ? s’écria-t-elle en riant pour cacher la vive émotion intérieure qui la poignait ; reconnaissez-vous maintenant que j’avais raison ?

— Il serait possible ! s’écria Olivier en pâlissant.

— C’est rigoureusement vrai, dit don Diego.

— C’est étrange ! murmura le jeune homme d’un air pensif.

— Doña Dolorès est sorcière, tout, simplement, dit en riant M. Maraval ; il n’y a pas à prétendre le contraire !

– Non, señor, je ne suis pas sorcière. Fi ! le vilain nom que vous me donnez là !

— Mais cette prévision singulière, pour ne pas