Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/331

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prenant un voleur la main dans le sac, ou un assassin le couteau au poing, on cède aux prières et aux protestations de ces misérables, on s’attendrit et on les laisse échapper en leur disant : Allez vous faire pendre ailleurs.

— En effet, cela arrive souvent.

— Trop souvent, et c’est un tort : les misérables ainsi amnistiés par la bonté de ceux qu’ils voulaient voler ou assassiner, au lieu de rentrer en eux-mêmes et de se corriger, vont ailleurs continuer leurs vols et leurs assassinats ; on devient ainsi moralement leur complice, et par conséquent responsable de leurs méfaits et du sang que, grâce à cette faiblesse regrettable, ils font couler. Mais laissons, je vous prie, ce sujet pénible, et sur lequel il est inutile de nous étendre davantage, cela nous conduirait beaucoup trop loin.

— Un mot seulement, reprit doña Maria : apprenez-moi comment est traité ce malheureux.

— Vous allez être satisfaite, señora, répondit Olivier en s’inclinant et faisant signe à Furet de s’approcher. Mousse, lui dit-il, appelez le capitaine d’armes.

Un instant plus tard, le capitaine d’armes parut.

— Vous me demandez, capitaine ? dit-il en faisant le salut militaire.

– Oui, monsieur. Je désire savoir ce que fait le prisonnier, comment il supporte sa captivité, s’il est gai ou triste. Veuillez me donner ces renseignements.

Le sous-officier hocha la tête à plusieurs reprises, en tourmentant l’énorme chique enfoncée dans un des coins de sa bouche ; le digne homme se trouvait fort gêné par la présence des dames,