Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/353

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votre conseil n’en est pas moins juste, je vais y faire droit.

Le capitaine prit le papier, le décacheta et, après en avoir demandé du geste la permission à ses amis, il parcourut rapidement la lettre des yeux, à la lueur plus que suffisante des fanaux accrochés de distance en distance sous la tente.

Cette lettre était ainsi conçue :


« Très-cher senor et ami,

» J’ai acheté la maison sur laquelle, vous vous en souvenez, j’avais jeté les yeux, et qui, par bonheur, s’est trouvée à vendre. Cette maison, située sur la plage même se trouve presque à l’extrémité de l’Almendral ; c’est une véritable bonbonnière très-commode, très-agréable et presque enfouie sous des masses de verdure remplies de fleurs. Je suis convaincu qu’elle vous plaira. Ma femme et ma fille en raffolent, et moi je m’y trouve on ne peut plus heureux. Mon installation a été très-longue j’avais un monde de choses à faire, afin d’approprier ma nouvelle demeure complétement à nos goûts enfin, grâce à Dieu ! tout est terminé depuis trois jours.

» J’ai appris aujourd’hui seulement votre retour de Santiago, et j’ai assisté de loin à la terrible expiation qui a eu lieu à votre bord. Pauvre misérable ! il était bien coupable ! Dieu, je l’espère, dans son ineffable bonté, daignera lui faire miséricorde. J’ai supposé que vous aviez besoin de distraire votre esprit de ces pensées tristes et