Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/357

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— C’est dans une bonne intention, capitaine.

– Hum je n’en suis pas bien sûr ! Dans tous les cas, je veux m’assurer du fait ; pour cela, j’ai résolu de me venger d’elle.

— Vous venger de la niña ! fit le bonhomme en tressautant sur sa chaise.

— D’elle-même, oui, Fernan Nuñez !

— Oh ! fit-il d’un ton de reproche.

— Et je compte sur vous pour assurer ma vengeance !

— Oh ! quant à cela, capitaine !… s’écria-t-il avec un geste d’énergique protestation.

– Attendez à quelle heure devons-nous être à terre demain ?

— À dix heures du matin, capitaine.

— Eh bien ! voilà mon affaire, écoutez-moi avec attention. Au lieu de nous rendre demain à terre à dix heures, nous y arriverons à huit heures du matin. De cette façon, la niña, qui ne nous attend pas d’aussi bonne heure, sera très-surprise en nous voyant, et elle regrettera, j’en suis sûr, d’avoir douté de mon exactitude à obéir à son appel. Que pensez-vous de cela, hein ?

– Le fait est qu’elle sera surprise, capitaine.

– Ainsi, vous approuvez cette vengeance ?

– Oui, de toutes mes forces, capitaine ! fit-il en riant et en aspirant l’air à pleins poumons, comme un nageur qui revient sur l’eau après avoir plongé profondément. C’est égal, capitaine, vous pouvez vous flatter de m’avoir fait une belle peur !

– Pourquoi donc cela ?

– Dame vous avez parlé de vengeance. Voyez-vous, capitaine, pour nous autres Indiens, il y a des mots que, même en plaisantant, on ne doit