Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/365

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— Mon père ! s’écrièrent les deux jeunes gens en l’enlaçant dans leurs bras.

Il leur mit à chacun un baiser au front, et se dégageant doucement :

— Vous souvenez-vous ? dit-il avec un accent de douce raillerie, certaine conversation, une nuit, la veille de notre arrivée à Southampton ? Vous vous croyiez bien seuls, bien isolés ; vous vous imaginiez que Dieu seul pouvait entendre vos projets d’avenir et sourire à vos serments d’amour ? pourtant, j’étais là, près de vous ; j’ai tout entendu ! C’est pendant cette nuit que j’ai lu dans vos cœurs comme dans un livre ouvert, et que la pureté immaculée de vos âmes m’a été complétement révélée ; et j’en bénis le ciel, car ce secret, si providentiellement surpris, m’a rendu bien heureux.

— Oh ! mon père ! vous nous avez écoutés ? fit doña Dolorès en rougissant.

— Bien malgré moi ! s’écria-t-il vivement, mais je ne le regrette pas, au contraire.

— Je comprends maintenant comment vous avez pu nous entendre, dit Olivier souriant.

Cependant il n’y avait personne auprès de nous, dit Dolorès.

— Si, dit Olivier en souriant ; il y avait ma baleinière.

— Je ne comprends pas, dit la jeune fille, dont le regard interrogateur allait de son père à Olivier.

— C’est cependant bien simple, dit don Diego ; du reste, voici comment cela est arrivé : il faisait, je ne sais si vous vous en souvenez, une chaleur étouffante cette nuit-là ?