Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/54

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dant, malgré les fanaux suspendus de distance en distance, l’obscurité était si grande, que, au cas où l’on eût épié le jeune marin, il aurait été matériellement impossible de savoir ce qu’il faisait.

Olivier quitta l’entrepont au moment où l’on appelait le quart ; il se hâta d’aller prendre son rang ; puis, après avoir répondu à l’appel de son nom, il se dirigea vers l’avant, les mains passées dans la ceinture de son pantalon, et d’un air insouciant.

La nuit était magnifique, bien que sombre, la lune ne devant pas se lever avant dix heures du soir ; le ciel était couvert d’un semis d’étoiles brillantes ; une brise tiède et embaumée courait à travers les agrès du vaisseau ; des palans avaient été passés à bâbord à l’extrémité de la grande vergue, afin d’embarquer dans les lanchas les pièces vides qu’en ce moment on montait de la cale.

Tout en continuant sa promenade, Olivier s’était nonchalamment rapproché des haubans de misaine à bâbord.

Tout à coup il se retourna ; il était seul à l’avant, le factionnaire placé au bossoir lui tournait le dos ; le jeune marin se glissa dans les porte-haubans, s’engagea sur le tangon auquel les canots du vaisseau étaient amarrés, s’affala par une corde à nœuds dans le petit canot et s’étendit au fond, où il demeura immobile.

Cette position le faisait invisible aux regards de l’équipage.

Bientôt on entendit le bruit des lanchas de Santa-Maria, arrivant toutes ensemble.

Il y eut un moment de désordre presque aus-