Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/58

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le souper, et faites verser un trago de refino. C’est moi qui régale !

Les quatre hommes composant l’équipage de la lancha ne se firent pas répéter cet ordre, pour eux rempli de séduisantes promesses ; après avoir abattu et roulé les voiles, ils sautèrent gaiement sur le sable et s’éloignèrent en courant.

Dès qu’ils eurent disparu dans les ténèbres, le patron se pencha en avant, et, d’une voix contenue :

— Êtes-vous là, señor ? demanda-t-il.

— Oui, lui fut-il répondu aussitôt.

Et un homme se dressa devant lui.

Le patron salua.

— À qui ai-je l’honneur de parler ? reprit-il de l’air le plus dégagé.

— Je me nomme don Carlos del Castillo, répondit Olivier : le lecteur a deviné que c’était lui.

— C’est bien le nom, fit le patron. À la bonne heure, tout va bien !

Et retirant un paquet assez volumineux de dessous le banc qui lui servait de siège :

— Voici vos habits, reprit-il, ils ont été achetés et payés tantôt par votre ami. Habillez-vous vivement.

Olivier, sans répondre, prit le paquet et l’ouvrit ; puis il défit son uniforme de matelot et quitta tout ce qu’il avait sur le corps, même sa chemise ; cela fait, il procéda, avec une adresse et une rapidité extrêmes, à son changement de costume.

Pendant que le jeune homme s’habillait, le patron faisait le guet, tout en amarrant sa barque à un long pieux planté dans le sable.

Ivon Lebris n’avait rien oublié, ni le manteau