Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/78

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— Non, pas moi, positivement, mon cher Olivier, reprit-il sur le même ton, mais un vieil ami à moi, que vous connaissez de nom probablement, un ancien corsaire retiré des affaires, et vivant aux environs de Saint-Malo avec sa femme qu’il adore ; Robert Surcouf, enfin, puisqu’il faut le nommer. Je ne suis pas marin, moi, je suis banquier ; je ne me connais pas à toutes ces choses ; j’ai écrit à Surcouf, je lui ai expliqué ce que je désirais, il a agi en conséquence ; il a même poussé la complaisance jusqu’à recruter, je ne sais où, une centaine de ses anciens compagnons, qui n’ont pas mieux demandé que de reprendre la course. Ils vous formeront un noyau solide pour votre équipage.

— Les mots me manquent, mon ami, pour vous exprimer ma joie et ma reconnaissance.

– Bon ! vous êtes content ! c’est tout ce que je voulais ! Ce bijou, comme l’appelle Surcouf, se nomme le Hasard : un nom pacifique, vous le voyez ; il est nationalisé colombien et porteur de lettres de marque, au nom de Carlos del Castillo ; ces derniers arrangements ont été pris par moi.

— Vous avez admirablement compris mes intentions, mon ami. Où se trouve en ce moment le Hasard ?

— À Cadix même, mon ami.

— Comment ! à Cadix ? C’est de la folie ! s’écria-t-il en tressaillant.

— Allons donc ! Écoutez-moi avant de mettre le feu aux étoupes ; vous êtes toujours aussi impatient… Il y a quatre jours, la goëlette française la Jeune-Agathe est arrivée de Saint-Malo, chargée et nolisée par moi ; j’en suis propriétaire. Vous