Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/90

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êtes libre, dès ce moment, d’aller où il vous plaira. Faites-vous solder ce qui vous est dû par le commissaire. Il est trop tard pour que vous débarquiez ce soir ; demain, vous serez mis à terre par la poste aux choux. Maintenant, adieu, mon garçon, soyez heureux. Une dernière recommandation : ne contez vos affaires à personne pendant les quelques heures que vous passerez encore à bord ; on ne se repent jamais d’avoir été discret. Bonne nuit et adieu.

— Là-dessus, l’amiral me fit un geste amical de la main et me renvoya sans se donner la peine d’écouter mes remerciements, continua Ivon Lebris ; ce matin, à la première heure, je suis débarqué et je suis arrivé ici tout courant, sachant bien que j’y trouverais Olivier. Je n’ai soufflé mot à personne ; tous nos camarades sont ahuris : ils ne comprennent rien de ce qui se passe à bord.

— Auriez-vous réellement déserté, Ivon ? lui demanda don Jose en souriant.

— Pardi ! en doutez-vous ? Croyez-vous que j’aurais laissé ainsi mon matelot courir bon bord tout seul ? Ce matin même je serais parti ; cependant, j’avoue que je préfère que les choses se soient arrangées d’une autre façon : il est toujours désagréable, quand on a un vrai cœur de matelot, de déserter son navire, si mal que l’on se trouve à bord ; mais je l’aurais fait, et tout de suite, d’autant plus qu’il n’y avait pas de temps à perdre.

— Pourquoi cela ? demanda Olivier.

— Parce que dans deux jours les escadres, dont les provisions d’eau et de vivres seront demain terminées, mettront sous voile au lever du soleil ; elles vont croiser pendant trois mois dans le