Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/92

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ritime à Cadix, mouvement à la fois commercial et belliqueux : les colonies hispano-américaines étaient en pleine insurrection ; les provinces de la vice-royauté de la Plata avaient poussé le premier cri de liberté, le Mexique s’était soulevé ensuite ; toutes les autres colonies avaient suivi leur exemple ; le port était encombré de bâtiments en charge pour l’Amérique du Sud ; la rade était couverte de navires de guerre en train d’embarquer des soldats, des vivres et des munitions.

L’Espagne faisait en ce moment un grand effort pour reconquérir d’un seul coup sa puissance déjà très-sérieusement compromise dans le Nouveau-Monde, mais qu’elle devait perdre définitivement quelques années plus tard, par son incurie et sa cruauté.

La goëlette la Jeune-Agathe se tenait humble et nonchalante, perdue au milieu de tous ces navires, si occupés et pressés autour d’elle.

Olivier, avec le regard infaillible du marin, la reconnut au premier coup d’œil ; il admira en véritable connaisseur ses magnifiques proportions et ses courbes élégantes, malgré toutes les précautions prises pour la déguiser.

— La voilà, dit-il à don Jose, en la désignant de son bras étendu.

— C’est elle, en effet, répondit le banquier ; comment diable l’avez-vous reconnue ?

Olivier sourit.

– Je suis marin, dit-il simplement.

Jésus ma Doué ! quel joli morceau de bois ! comme c’est espalmé ! s’écria Ivon avec une sincère admiration.

Ils montèrent à bord.