Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/97

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Maître Lebègue, veuillez, je vous prie, faire servir des rafraichissements pour fêter dignement mon arrivée parmi vous.

Le premier lieutenant se leva et sortit ; les autres officiers, sur l’invitation du capitaine, prirent place autour de la table du carré ; un instant plus tard, le lieutenant rentra suivi du cuisinier portant un plateau chargé de verres et de bouteilles.

Ce cuisinier était un nègre de l’île de France, espèce de Goliath d’aspect débonnaire, et dont la bouche, fendue jusqu’aux oreilles, riait toujours ; il se nommait Cupidon et était tout glorieux de porter ce nom mythologique, qui lui allait comme un chapeau à plumes à un marsouin.

– Messieurs, servez-vous, dit le capitaine en donnant l’exemple à ses officiers. Je bois à vous dit-il, quand tous les verres furent pleins, et à la réussite de notre croisière, dont je garderai le secret quelques jours encore !

On trinqua, les verres furent vidés rubis sur l’ongle.

— Combien m’avez-vous dit que nous avons d’hommes à Moguers, cher don Jose ? fit Olivier en reposant son verre sur la table.

— Quatre-vingts, sans compter ceux que nous avons ici.

— C’est-à-dire, moi et le second compris, cent six en tout. Ce n’est guère…

— Pardon ! reprit en souriant don Jose : en disant ici, j’ai entendu Cadix et la baie ; soixante matelots sont disséminés dans diverses auberges de la ville. Maître Lebègue sait où les trouver, au besoin.