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Le Huron modérait si bien le bruit de ses pas, qu’on eût dit un fantôme en marche : Canfield l’imitait de son mieux. Bientôt il ralentit le pas ; d’après ses calculs le village Shawnee était proche, et pour accomplir ses desseins il fallait que le jour fût venu.

Son plan consistait à voir d’abord Hans Vanderbum et à s’assurer de son concours : mais édifié sur son étonnante aptitude pour le sommeil, le Huron ne songeait pas à le chercher à cette heure, il savait parfaitement qu’il serait plus facile de ressusciter un mort, que de réveiller l’énorme hollandais avant le lever du soleil.

Une heure plus tard, les deux intrépides marcheurs atteignaient les rives du Miami. L’aspect de la belle rivière était admirable : sa surface irisée d’azur et de reflets argentés, se confondait dans la brume lointaine avec l’ombre transparente des bois éclairés jusqu’à la mousse du sol, par une lune splendide : sur cette glace liquide, calme et unie comme l’onde paisible d’un lac, couraient par moments de légers frissons fuyant sous le vent de la nuit. Pas un bruit, pas un murmure sur la terre et sur l’eau ; quelques grands arbres inclinaient gravement leurs cimes