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PHILOSOPHIE DE KANT

et fonder ainsi les devoirs de la raison, ainsi que la religion le fait trop souvent. Ce serait manquer au respect de soi-même et de la réalité seulement formelle du devoir. Il se confirme, en ces chapitres de la Critique, que la morale kantienne est déjà fondée, chose remarquable, sur la négation attentive de tout dogmatisme. Ainsi sont éclaircis les concepts de croyance, de science et de foi, et une sorte d’ascétisme de la pensée à l’égard d’elle-même. Ces idées sont rarement comprises. C’est qu’il faut les prendre dans la Méthodologie transcendantale.

Pourquoi faut-il, dans le choix des hypothèses, préférer l’unité, et, comme disait Aristote, ne pas multiplier les êtres ? Non pas certes d’après l’expérience, qui, là-dessus, ne nous apprend rien. Il s’agit de bien penser, c’est-à-dire pour l’honneur de bien penser. On parlerait mal en disant que les justes hypothèses, par exemple les vues de Descartes sur l’atome, sont plus vraies que les autres. Non pas plus vraies, mais plus dignes de l’esprit.

Telles sont les règles de la morale de la