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L’AMOUR

suites d’idées, attendu que la morale en répond. La religion n’a affaire qu’à une espèce de révoltés. On comprend que la soumission fait partie du savoir-vivre, qui est la même chose que le savoir-mourir. Il y a peu de savoir-vivre dans les opinions de gauche ; il ne faut qu’y en mettre et la république est la perfection. Les aristocrates se moquent bien du salut de leurs semblables ; c’est qu’au fond ils n’ont point de semblables. La misanthropie est profondément impie. Alceste ne pardonne rien. À ce propos, il faut convenir que l’amour est bien beau quand il essaie le bonheur à deux. Croire assez, c’est la même chose qu’aimer assez. Et pardonner c’est encore la même chose. Alceste n’est pas juste pour Célimène ; il la veut parfaite ; mais quelle entreprise absurde ! La seule imagination des plaisirs d’amour le prouve assez. Cet amour sexuel approche plus que les autres de la vraie charité. Car j’ose dire qu’il prend la vie à bras-le-corps.

Vous allez me dire, mon cher ami, que Kant n’a jamais traité de ces problèmes. Et moi je vous dis qu’il y a sûrement