LXV
ÉPICTÈTE
« Supprime l’opinion fausse, tu supprimes le mal. » Ainsi parle Épictète. Le conseil est bon pour celui qui attendait le ruban rouge et qui s’empêche de dormir en pensant qu’il ne l’a point. C’est donner trop de puissance à un bout de ruban ; celui qui le penserait comme il est, un peu de soie, un peu de garance, n’en serait pas troublé. Épictète abonde en exemples rudes ; cet ami bienfaisant nous prend à l’épaule : « Te voilà triste, dit-il, parce que tu n’as pu occuper au cirque cette place désirée, et que tu crois qui t’est due. Viens donc, le cirque est vide maintenant ; viens toucher cette pierre merveilleuse ; tu pourras même t’y asseoir. » Le remède est le même, contre toutes les peurs et contre tous les sentiments tyranniques ; il faut aller droit à la chose et voir ce que c’est.
Le même Épictète dit au passager : « Tu as peur de cette tempête comme si tu devais avaler toute cette grande mer ; mais, mon cher, il ne faut que deux pintes d’eau pour te noyer. » Il est sûr que ce formidable mouvement des vagues représente très mal le danger réel. On dit et on pense : « Mer furieuse ; voix