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DE L’ÉTAT ACTUEL

d’esprit. Il le fallait d’abord, car le public qui s’en égayait portait dans la corruption une certaine élégance et n’eût pas toléré les crudités ignobles. Il n’y avait là nulle hypocrisie de sa part. Le goût public imposait tout simplement aux auteurs certaines limites que personne ne voulait voir franchir. Aujourd’hui, l’on est d’un sérieux qui ferait frémir, s’il ne faisait rire. Depuis la destruction des genres et des règles propres à chaque genre, on essaye de remplacer le genre par la doctrine, et la doctrine, on va l’emprunter à la science qui fait le plus de bruit en ce moment, la physiologie. Le brave lecteur, que ce fatras d’érudition équivoque et confuse trouble quelque peu, se reproche de bâiller ou d’avoir des nausées. Il se proposait bonnement de lire un roman, d’assister à la représentation d’une pièce. Sous prétexte de lui démontrer quelque chose, on lui montre des choses très malpropres. La théorie qui est censée soutenir tout cela, il ne s’en soucie guère ; son gros bon sens lui dit que ce sont là des recherches de laboratoire, et, s’il est quelque peu au courant des travaux de ceux qui se sont élancés, avec plus d’impétuosité que de méthode, sur les pas de Darwin, il conclut qu’on ne lui a rien démontré et que la littérature n’est pas faite pour parodier la physiologie ; Des théories ! Cela porté malheur. L’abbé d’Aubignac était l’homme le plus