Page:Albert Mathiez - Le dix août - Hachette 1934.pdf/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA PATRIE EN DANGER

enfin de son inaction. Il invite le roi à éloigner de sa Cour les ennemis de la Constitution, mais il flétrit en même temps les excès du 20 juin. Il flétrit de même les maux causés par le fanatisme et il justifie l’existence des clubs, tout en ajoutant que ceux-ci doivent se renfermer dans leurs attributions et ne pas empiéter sur les autorités constituées. Thuriot s’impatiente de ce discours si balancé qui ne conclut à aucune mesure pratique et Isnard le qualifie un peu après de « dose d’opium donnée à un agonisant ».

Mais un autre rapporteur de la Commission des Douze, le girondin Jean Debry, succéda à Pastoret et proposa, lui, une série de mesures pratiques ingénieusement calculées pour frapper les imaginations des foules et pour paralyser le pouvoir exécutif. Elles se résumaient dans la procédure de la proclamation de la Patrie en danger. Dés que l’Assemblée aurait décidé cette proclamation par un vote qui échapperait à la sanction royale, toutes les administrations, les départements, les districts, les municipalités se mettraient en état de surveillance permanente, les gardes nationales se tiendraient prêtes à marcher, le corps législatif fixerait le contingent de chaque département et, dans les trois jours, les gardes nationaux désignés pour former ce contingent se formeraient en compagnies et en bataillons, les individus trouvés en possession de signes de rébellion seront punis de mort, les ministres enfin seront responsables non plus seulement des affaires de leur département, mais collectivement de tout ce que le Conseil aura délibéré. Toutes ces mesures furent adoptées le 5 juillet.

L’état-major girondin donnait comme un seul homme contre le château. Empruntant le thème d’un de ses plus