Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/124

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sentent en une seule. Cela, absolument comme si cette superficie, qu’ils emplissent de couleur, était en verre ou en toute autre substance transparente, de façon que la pyramide visuelle la traversât entièrement, pour percevoir les véritables corps, à un intervalle déterminé et constant, ainsi qu’avec une position fixe des rayons établis dans l’espace à une certaine distance des objets. Cela exactement comme les peintres en donnent une idée lorsqu’ils s’éloignent de ce qu’ils représentent pour le considérer de plus loin, et que, guidés par la nature, ils s’en vont chercher ainsi la pointe même de la pyramide, s’apercevant qu’alors ils s’entendent mieux à discerner et à mesurer toute chose.

Mais, comme la superficie, soit d’un panneau, soit d’un mur sur lequel le peintre s’efforce de peindre plusieurs superficies, est toujours unique, il sera nécessaire de couper en quelque partie cette pyramide visuelle, afin qu’à cet endroit le peintre puisse exprimer à l’aide des lignes et de la peinture les contours et les couleurs que donnera cette coupe. Ainsi, ceux qui regardent une superficie peinte aperçoivent une certaine coupe de la pyramide. Donc, la peinture est une intersection de la pyramide visuelle, selon une distance déterminée, une direction certaine du rayon central, une position fixe des lumières, intersection exprimée par des lignes et des couleurs sur une superficie à ce préposée. C’est pourquoi, de ce que nous avons dit que la peinture est une coupe de la pyramide, nous faut-il enquérir de tout ce qui nous fera connaître les