Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/187

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qu’ils y apportent, atteindre cette beauté qu’ils recherchent ; mais ils tombent en plein dans des habitudes vicieuses qu’ils ne peuvent éviter quoi qu’ils en aient. Celui qui se sera accoutumé à tirer tout de la nature se fera une main si exercée que, quoi qu’il entreprenne, il témoignera de son goût pour cette même nature.

Nous voyons de quel prix cela est en peinture. Car si, dans un sujet, il se trouve la figure d’un personnage connu, malgré que d’autres figures se montrent d’une exécution magistrale, c’est celle qui est connue qui attire sur elle tous les regards des spectateurs, tant ce qui semble naturel a en soi de charme et de force.

Prenons donc toujours dans la nature les choses que nous devons peindre, et choisissons constamment en elles, ce qu’il y a de plus beau et de plus distingué. Cependant, il faut prendre garde de les traduire dans des cadres trop petits, ce que font les peintres pour la plupart. Je voudrais que tu t’accoutumasses aux grandes figures, approchant le plus possible de la dimension de ce que tu entends exprimer. Car, dans les petites images se cachent beaucoup de défauts très-grands ; dans de grandes effigies, au contraire, de très-petites erreurs sont visibles. Galien rapporte avoir vu, sculpté sur une bague, Phaéton traîné par quatre chevaux dont on distinguait parfaitement les freins, les pieds, le^ poitrail. C’est une gloire que les peintres doivent abandonner aux graveurs de pierres fines ; mais qu’ils s’exercent, quant à eux, dans un champ plus vaste. Celui qui aura appris à exécuter