Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

40
LEON-BATTISTA ALBERTI.

rum notitia, justi atque injusti scientia. C’est la notion des choses divines et humaines, la science du juste et de l’injuste, celle à la recherche de laquelle les autres doivent être employées. Pour eux, elle se dégage de toutes les sciences qui, toutes, concourent à son édification. Elle est, dans son sens le plus absolu, l’application même de la philosophie. L’histoire ne rassemble les traditions que pour l’établir sur de fortes assises. L’étude de la philologie ne leur semblerait qu’une vaine curiosité, si elle n’employait sa lumière à illuminer la science du droit des plus purs reflets de la vérité. Aussi toutes les sciences se sont-elles donné rendez-vous dans celle du droit, qui, par un juste retour, les pénètre toutes et les remplit. C’est surtout dans l’histoire qu’il apparaît et se développe. Il y est la mesure des peuples. Il germe en eux dès qu’ils sont viables. Il croît, fleurit, fructifie avec eux. Ceux-ci se reflètent en lui. C’est le miroir où toute nation peut contempler sa propre face. Dans les jeunes sociétés, sous la tutelle des théocraties, il apparaît comme une révélation. Il tombe de la lèvre des pontifes. Il ne s’écrit pas, il s’enferme dans le symbole, dont il s’échappe enfin quand ces sociétés mûrissent. La législation prend naissance, l’expression du droit devient un besoin, devient elle-même