Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

68
DE LA STATUE

pourraient y adjoindre ou en retrancher, finalement tout ce qu’il faudrait pour les rendre de telle sorte qu’il ne semblât rien leur manquer de ce qui pût leur donner un aspect réel et les compléter.

Ainsi donc, en tant que la chose elle-même les en instruisait, corrigeant dans de telles apparences, tantôt des lignes, tantôt des surfaces, les nettoyant et les appropriant, ils obtinrent ce qu’ils souhaitaient, non vraisemblablement sans plaisir. Ce n’est pas merveille qu’en des travaux si naïfs les études des hommes se soient élevées progressivement jusqu’à ce degré que, ne recherchant plus des formes ébauchées naturellement dans la matière première, ils exprimassent en elle les effigies qui leur convinrent, ceux-ci d’une façon, ceux-là d’une autre. Tant est-il que tous n’apprirent pas à exécuter ces œuvres par les mêmes moyens, ni par la même méthode.

En effet, quelques-uns commencèrent à perfectionner leurs travaux primitifs par l’adjonction et l’ablation de la matière, comme font les ouvriers en cire, en stuc ou en terre, que nous nommons maîtres stucateurs. D’autres atteignirent ce but par la seule abscission de la substance, comme ceux qui, enlevant le superflu du marbre, le taillent et y font apparaître une figure humaine qui semblait y avoir été scellée et enfouie : nous les appelons sculpteurs. Dans cette catégorie se rangent, sans contredit, ceux qui gravent sur des cachets des figures y paraissant encloses. Une troisième variété est formée de ceux qui exécutent certains travaux par l’agglomération de la ma-